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La Forêt de la seigneurie de Lotbinière fait partie de notre patrimoine régional.  Elle est restée dans son intégralité la propriété de la famille Joly de Lotbinière pendant 275 ans jusqu’en 1967 alors que le Gouvernement du Québec exproprie monsieur Edmond Joly de Lotbinière.  Elle devient alors « terre publique » et sa gestion échappe à notre région.

 

Chapitre 1 : la forêt et les seigneurs

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1- Des Hurons au premier seigneur : la forêt originelle

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Avant l’arrivée des Français, le territoire où l’on retrouve la forêt actuelle est parcouru par les Hurons.  Les Français ne tardent pas à prendre possession des lieux et subdiviser les abords du fleuve en seigneuries.

La seigneurie de Lotbinière, concédée à partir de 1672, est agrandie en 1693 de 300 km²  incluant la forêt actuelle.  Cette concession est accordée à René-Louis Chartier de Lotbinière par le gouverneur Frontenac et ratifiée l’année suivante par le roi Louis XIV. Ses descendants en seront les propriétaires à leur tour.

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2- Julie-Christine Chartier de Lotbinière épouse Pierre-Gustave Joly en 1828.

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Les premiers descendants Chartier de Lotbinière occupent d’importantes fonctions dans la colonie française; ils ne résident pas dans leur seigneurie et leurs efforts portent sur le peuplement des abords du fleuve.  La forêt demeure donc inchangée pendant 140 ans.  Le mariage de la cinquième de la lignée avec Pierre-Gustave Joly, commerçant d’origine suisse, marque un tournant pour la forêt.  Chargé de l’administration de la seigneurie, il commence à en exploiter le potentiel forestier.

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3- Pierre-Gustave Joly construit des moulins à scie.

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En 1833, un premier moulin à scie est bâti à côté du moulin à farine du Portage; un second, plus important, voit le jour en 1835 à l’embouchure de la rivière du Chêne.

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La rivière est l’artère de circulation du bois, principalement de l’épinette blanche, coupé sur les chantiers de monsieur Joly dans la forêt seigneuriale.  En 1836, 26 cultivateurs bûcherons sont engagés.  De 1833 à 1850, chaque année, on coupe de 10 000 à 30 000 billots d’épinette et de pin.

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Le bois scié est mis à sécher sur l’île  à proximité du moulin à scie en attendant d’être amené au large et expédié vers Québec et Montréal.

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De territoire exclusivement agricole, Leclercville devient rapidement un village industriel grâce à l’exploitation de la forêt par Pierre-Gustave Joly.

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4- Henri-Gustave Joly de Lotbinière, le fils héritier qui aimait les arbres.

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En 1860, sa mère Julie-Christine lui fait donation de la seigneurie de Lotbinière.  Le développement de la forêt prend une nouvelle tournure.  L’amour des arbres et la conservation des forêts vont guider toute la vie du seigneur Henri-Gustave.

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Il dénonce le pillage éhonté des terres publiques et rappelle sans cesse la nécessité de légiférer pour les générations futures.  C’est un visionnaire qui gère sa forêt dans le sens du développement durable.  Homme politique influent, il est à l’origine du réseau des parcs  québécois (1895) et de la fête des arbres en mai (1883).  Il est considéré comme le père de l’arboriculture au Canada. 

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5- Edmond-Gustave et Alain Joly de Lotbinière

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Edmond-Gustave, seigneur pendant seulement trois ans, de 1908 à 1911, sera président de l’Association forestière canadienne.  Son unique fils, Alain, prend la relève. Diplômé en sciences forestières, il partage la vision de préservation de la forêt de son grand-père Henri-Gustave.

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En ce début du XXe siècle, Alain fait construire le plus moderne moulin à scie du Canada vers 1920 en remplacement du premier moulin à scie presque centenaire.  Il sera démantelé au milieu des années trente. 

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Les villages de Joly et Val-Alain seront fondés à même la forêt seigneuriale en accord avec le seigneur Alain.

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6- Edmond Joly de Lotbinière, notre contemporain.

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Il est le dernier descendant Joly de Lotbinière à être propriétaire de la forêt seigneuriale.  En 1967, alors qu’il préparait un plan d’aménagement et de développement pour sa forêt, le gouvernement du Québec prend la décision de l’exproprier prétendant « qu’il constitue un obstacle sérieux au progrès agricole et industriel de cette région » (arrêté ministériel 30 août). 

 

Malheureusement, la gestion gouvernementale qui suivra sera un véritable désastre, annihilant tous les efforts de conservation et de développement durable depuis Henri-Gustave cent ans plus tôt.  L’épouse d’Edmond, Francine se joint aux Amis de la Forêt seigneuriale et milite avec nous pour la création d’un parc régional

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Chapitre 2 : des villages étroitement liés à la forêt

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1- Leclercville

Pendant cent ans, par la présence du moulin à scie, Leclercville se développe grâce à la forêt seigneuriale.  En plus de plusieurs dizaines d’employés au moulin à scie, les cultivateurs sont rectutés pour bûcher sur les nombreux chantiers l’hiver et comme draveurs sur la rivière du Chêne au printemps.

Déjà au 19e siècle, le seigneur permet aux cultivateurs d’exploiter des sucreries dans la forêt seigneuriale. 

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2- Saint-Édouard

En 1908, Edmond-Gustave Joly de Lotbinière ouvre au développement la partie de sa forêt au sud du village.

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3- Joly

D’abord nommé Rivière Henri, la municipalité de Joly est issue du passage de la forestière Finch and Pruyn qui a rasé cette portion de la forêt.  En 1911, Edmond-Gustave lui accorde la coupe du bois pour 25 ans.  En 17 ans la forêt est dépouillée et le sol sablonneux mis à nu est offert aux colons.

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4- Val-Alain

Elle est née de la forêt et du train.  En 1932, un incendie embrase la forêt qui encercle Val-Alain.  Les résidents ont juste le temps de monter dans le train pour fuir laissant tous leurs biens derrière eux. 

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L'album photo de l'histoire de la Forêt seigneuriale

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En 1814 le seigneur Michel-Eustache-Gaspard-Alain Chartier de Lotbinière décrit la forêt seigneuriale en ces termes "Le terrain qui reste à concéder est riche et les bois les plus communs sont l'orme, le frêne, le tilleul, l'érable, le merisier, la plaine et de très belles pinières le long des rivières du Chêne, du Huron et Bois Claire qui arrosent cette seigneurie."

Recherche et rédaction: Francine Lemay

Précieuses informations tirées de:

                                                           Claude Crégheur, Lotbinière, une belle connivence, pages 110-118-120-121-147-152 et 174

                                                           Andrée Héroux, Histoire de Lévis Lotbinière, pages 108-156-161 et 279

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